Le kyphi (ou kaphi) est un encens utilisé dans l’Égypte antique, à la fois pour des usages religieux et médicinaux. C’est un mélange complexe de résinesépicesplantes aromatiquesvins et miel, soigneusement préparé selon des recettes rituelles.

Origine et utilisation :

  • Le mot kyphi vient du grec ancien, transcription d’un mot égyptien.
  • Il était brûlé dans les temples égyptiens, notamment le soir, comme offrande aux dieux, en particulier  ou Osiris.
  • On lui attribuait des vertus purificatricescalmantes et même thérapeutiques (il était parfois prescrit comme remède contre les troubles respiratoires ou pour favoriser le sommeil).

Ingrédients typiques (selon les sources antiques comme Plutarque ou Dioscoride) :

  • Résines : encens (oliban), myrrhe, benjoin
  • Bois aromatiques : cèdre, santal
  • Épices : cannelle, cardamome, genévrier
  • Plantes : roseau odorant, menthe
  • Autres : vin, miel, raisins secs

Il existait plusieurs formules de kyphi, certaines comportant jusqu’à 16 ou 32 ingrédients, et sa fabrication était un rituel sacré dans certains temples comme celui d’Edfou.

Voici une recette antique du kyphi, transmise par Plutarque dans son traité Sur Isis et Osiris (IIe siècle ap. J.-C.), avec le texte original grec et sa traduction française.


🔸 Texte grec (Plutarque, Sur Isis et Osiris, § 80) :

Ἔτι δὲ καὶ τὸ καλούμενον κύφι κατεσκευάζουσιν ἐκ δεκάξ πρὸς ὄσμην ἀρωμάτων καὶ θυμιαμάτων ἡδὺν καὶ σύνθετον. Καὶ τὰ μὲν ἐξ ὑγρῶν, τὰ δὲ ἐξ ξηρῶν ὑλῶν ἕστηκεν, ὧν ἐστὶ μυῤῥά, ῥητίνη, ἀσφόδελος, κάλαμος, κρόκος, κύπειρον, φλόμος, ἄνθος καλαμίνθου, ὁίνων θήλεος, σταφυλῆς ξηρᾶς, μέλιτος, οἴνου παλαιοῦ· καὶ ταῦτα τριβόμενα ἅμα πρὸς μέλος συγκεράννυται καὶ ἀναμιγνύεται, καθάπερ φάρμακον οὐ τυχὸν ἀλλὰ θεῖον, ὅπερ καὶ διὰ τὸ πάρεργον τῆς τῶν ἀστεριῶν καὶ περιόδων γνώσεως ἱερεῖς μόνον παρασκευάζειν ἐδόκει.


🔹 Traduction française :

Ils fabriquent aussi ce qu’on appelle kyphi, un mélange agréable et complexe de parfums et d’encens, composé de seize ingrédients. Il contient des substances sèches et humides, notamment :

  • myrrhe,
  • résine (probablement du pin),
  • asphodèle,
  • roseau odorant,
  • safran,
  • souchet (cyperus),
  • molène,
  • fleur de calamenthe,
  • vin doux,
  • raisins secs,
  • miel,
  • vieux vin.

Tous ces ingrédients sont broyés ensemble en rythme, au son d’un chant, puis mélangés soigneusement. Ce n’est pas une simple préparation, mais une œuvre divine, confiée aux seuls prêtres, en lien avec la connaissance des astres et des cycles célestes.


  • Le chant rituel pendant la préparation symbolisait l’harmonie cosmique.
  • La composition exacte pouvait varier selon les temples (Éléphantine, Edfou, etc.).
  • Les effluves de kyphi étaient censés purifier le temple, guérir l’esprit et relier le monde terrestre au divin.