
L’Évolution de la Coiffure des Femmes à Rome : Un Miroir de la Société
Introduction
À Rome, la coiffure n’était pas qu’une question de mode. C’était un véritable marqueur social qui indiquait l’âge, le statut et la richesse d’une femme. En observant l’évolution des coiffures sur les statues et les pièces de monnaie, les historiens peuvent dater les œuvres d’art et mieux comprendre la société romaine. Passons en revue trois grandes périodes pour voir comment les styles ont changé, de la simplicité de la République à l’exubérance de l’Empire.
I. La République (IIIe siècle av. J.-C.) : La Simplicité et la Modestie
Durant la période républicaine, les valeurs romaines prônent la modestie, la dignité (gravitas) et la simplicité. La coiffure de la matrona (la mère de famille respectable) doit refléter ces idéaux.
- Description du style :
- Les cheveux sont le plus souvent séparés par une raie au milieu.
- Ils sont ensuite tirés vers l’arrière pour être rassemblés en un chignon simple et bas sur la nuque, que l’on appelle le nodus.
- Cette coiffure est sobre, élégante et pratique pour la vie de tous les jours.
- Accessoires :
- Les femmes mariées portent souvent des vittae, de simples rubans de laine qui maintiennent le chignon et symbolisent leur pureté et leur statut d’épouse.
- Sur l’image : Les deux coiffures de gauche illustrent parfaitement cette période. On y voit la raie médiane et le chignon bas, caractéristiques de la sobriété républicaine.

II. Le Début de l’Empire (Ier siècle ap. J.-C.) : L’Influence de la Cour Impériale
Avec l’arrivée de l’Empire et l’enrichissement de Rome, les coiffures deviennent plus sophistiquées. Les impératrices, comme Livie (épouse d’Auguste), lancent les modes depuis la cour impériale. La coiffure devient un moyen d’afficher son statut social.
- Description du style :
- La base reste souvent la même (chignon ou tresses), mais le devant de la tête se pare de rangées de boucles et d’ondulations.
- Des tresses complexes commencent à encadrer le visage ou à s’enrouler autour de la tête comme un turban.
- Le volume devient plus important, nécessitant parfois l’usage de postiches.
- Outils et techniques :
- Les esclaves spécialisées dans la coiffure, les ornatrices, deviennent indispensables pour les riches Romaines.
- Elles utilisent le calamistrum, une tige de fer chauffée dans la cendre, qui est l’ancêtre de notre fer à friser.
- On utilise aussi des poudres pour colorer les cheveux, notamment pour obtenir des teintes blondes ou rousses, très à la mode.
- Sur l’image : Les deux coiffures du centre montrent cette évolution. Le chignon est toujours là, mais le front est désormais orné de boucles artistiquement travaillées et de tresses décoratives.
III. L’Âge d’Or de l’Empire (Début du IIe siècle ap. J.-C.) : L’Exubérance et la Complexité
Sous les règnes des empereurs Trajan et Hadrien, la coiffure romaine atteint son apogée en termes de complexité et d’extravagance. Les coiffures deviennent de véritables œuvres d’art, de véritables sculptures capillaires.
- Description du style :
- On construit de hauts diadèmes de boucles sur le devant de la tête, qui forment une sorte de « casque » ou de « nid d’abeille ».
- Ces structures impressionnantes sont souvent montées sur des armatures en fil de fer pour tenir en place.
- L’arrière de la chevelure est ramené en un chignon tressé très élaboré. Ces coiffures demandaient des heures de travail.
- Symbolique :
- Porter une telle coiffure était le signe ultime de la richesse. Cela montrait qu’une femme avait non seulement les moyens de s’offrir les services de plusieurs ornatrices talentueuses, mais aussi qu’elle n’avait aucune tâche manuelle à accomplir.
- Les impératrices, comme Plotine (épouse de Trajan), sont les modèles de cette mode extravagante.
- Sur l’image : Les deux coiffures de droite sont des exemples parfaits de cette période. On voit bien les structures hautes et complexes faites de boucles et de tresses qui demandaient une technique incroyable.

En un peu plus de trois siècles, la coiffure des Romaines est passée d’un simple chignon fonctionnel à des architectures capillaires spectaculaires. Cette évolution nous montre que, comme aujourd’hui, la coiffure était bien plus qu’une simple question de style : elle était un langage qui parlait de statut, de richesse et des valeurs de toute une société.
