
Apollon et Daphné, fresque antique de Pompéi.
Et si les récits antiques reflétaient la culture du viol ?
- Pourquoi étudier la mythologie autrement ?
- Ces récits sont fondateurs mais aussi porteurs de normes, de valeurs…
- Or, dans de nombreuses histoires, les femmes victimes sont punies ou transformées.
- Ce schéma trouve des échos troublants dans les mécanismes actuels d’accusation des victimes de violences sexuelles.
I. Les figures mythologiques : des femmes punies pour avoir été victimes
Daphné :
- Fuit Apollon qui veut la violer.
- Elle est transformée en laurier pour échapper à son sort.
- Disparition de son identité : elle devient symbole, trophée pour le dieu.
Io :
- Séduite ou violée par Zeus, selon les versions.
- Héra la punit en la transformant en génisse et en la faisant surveiller.
- Double peine : victime + punie pour ne pas avoir su « résister ».

Hermès et Io (en vache). Face A d’une amphore grecque à figures noires, 540-530 av. J.-C. Trouvé en Italie.
Méduse :
- Violée par Poséidon dans un temple d’Athéna.
- C’est elle que la déesse punit en la transformant en monstre.
- Puis elle est tuée par un héros (Persée), comme un monstre, sans que son histoire ne soit questionnée.

Persée tenant la tête de Méduse, par Benvenuto Cellini.
II. Ce que ces récits disent des rapports de pouvoir
- La parole et le pouvoir appartiennent aux dieux ou aux hommes.
- Les femmes deviennent objets de transformation, de métamorphose ou d’effacement.
- La punition des victimes montre une logique de contrôle social : faire peur, culpabiliser, imposer un silence.
III. Résonances actuelles : la culture du viol
- Encore aujourd’hui, les victimes de viol sont questionnées sur leurs vêtements, leur comportement.
- On les transforme en coupables : « Elle l’a cherché. »
- Le poids de la honte et du silence repose sur elles.
- Les mythes, en étant enseignés sans recul critique, peuvent involontairement reproduire ces schémas.
- Enseigner la mythologie ne signifie pas l’idéaliser.
- Il est essentiel de déconstruire les récits, d’en montrer les non-dits.
- Ces récits peuvent être des outils puissants pour parler du consentement, des injustices et des stéréotypes.