L’éloquence au cœur de Rome antique : une séquence pédagogique sur la rhétorique latine

Je vous propose une séquence pédagogique et sa correction explorant le thème de l’éloquence et de la rhétorique dans l’Antiquité romaine, à travers le prisme de la locution latine « Homo homini lupus » (L’homme est un loup pour l’homme). Ce parcours, ancré dans l’étude de la langue latine et de la civilisation romaine, met en lumière le pouvoir de la parole, de Plaute à Cicéron, et son héritage jusqu’à nos jours.

Je me suis appuyée sur des documents pré-existants dans certains cas, notamment trouvés sur le site Arrête ton Char (travail de Robert Delord), ainsi que sur le cahier Dixit pour deux exercices.

I. Aux sources de l’éloquence : étymologie et signification

L’étude débute par la célèbre formule « Homo homini lupus », dont la première occurrence est trouvée chez Plaute dans sa comédie Asinaria (195 av. J.-C.). La formule originale complète est : «Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit» , ce qui signifie que l’homme prend pour un loup l’homme qu’il ne connaît pas.

Cette introduction pose les bases de la réflexion sur la nature humaine et la nécessité de la communication, préparant le terrain pour l’étude de la rhétorique, l’art qui permet de persuader et de s’intégrer à la cité.

II. L’importance cruciale de la rhétorique dans la cité

La séquence se concentre ensuite sur l’importance de la rhétorique en s’appuyant sur des exemples concrets de la vie romaine.

• Le Jeune Quintus Sulpicius Maximus : le monument funéraire de Quintus, décédé en 94 apr. J.-C. à seulement onze ans, cinq mois et douze jours , témoigne de l’importance précoce de l’éloquence. Le jeune garçon participa aux Concours capitolins et se produisit parmi cinquante-deux poètes grecs. Il gagna le prix du mérite pour son talent. Son exploit oratoire, notamment une éthopée improvisée, prouve que la maîtrise de la parole était valorisée dès le plus jeune âge.
• Les fondamentaux de l’éloquence : à travers l’interview de l’helléniste Laurent Pernot, la rhétorique est définie comme l’art de la persuasion, un effort pour comprendre et réguler ce phénomène.
  • La persuasion repose sur trois sources : les arguments rationnels (logos), l’autorité de l’orateur (ethos) et la psychologie de l’auditeur (pathos).
  • L’Antiquité a formalisé les cinq étapes de la méthode du discours : inventio (conception des arguments), dispositio (mise en ordre), elocutio (style), memoria (mémorisation) et actio (prononciation/gestuelle).
• La rhétorique, un travail démocratique : les anecdotes sur Démosthène soulignent que la rhétorique est avant tout un travail et un exercice , rendant cet art potentiellement accessible à tous et contribuant à la démocratie.

III. La place de l’orateur dans le quotidien romain

L’étude se penche sur le rôle essentiel de l’orateur dans la République romaine, période considérée comme la grande époque de la rhétorique.

• Lieux de la parole : la parole publique s’exerçait quotidiennement au Forum, dans les tribunaux (basiliques) pour l’éloquence judiciaire , et dans les assemblées populaires (comices) pour l’éloquence politique.
  • Les orateurs haranguaient la foule depuis la tribune des Rostres située au Comitium sur le Forum.
  • Le Sénat, bien que ses débats ne soient pas publics, était également un lieu d’éloquence de haut niveau, ses membres étant hautement expérimentés.
• Les trois genres oratoires : L’Antiquité distinguait trois genres de discours:
  • Judiciaire : accuser ou défendre sur la base du juste/injuste.
  • Délibératif (Politique) : conseiller ou déconseiller sur la base de l’utilité/nuisibilité.
  • Épidictique (Démonstratif) : louer ou blâmer sur la base de la noblesse/bassesse.

IV. Le pouvoir incontesté de la parole : l’exemple de Cicéron

La figure de Marcus Tullius Cicero (106-43 av. J.-C.) est centrale, car il est le sommet de la rhétorique, incarnant à la fois l’orateur le plus important de son époque, un théoricien, et un philosophe.

• Un Homo Novus : issu de la bourgeoisie italienne et non de la nobilitas, Cicéron est un rare homo novus à avoir réussi à gravir les échelons du cursus honorum (carrière des honneurs).
• Discours majeurs : sa carrière fut marquée par des discours célèbres, notamment les Catilinaires contre Catilina et les Philippiques contre Marc-Antoine.
• L’héritage de la rhétorique antique : l’étude se conclut par l’analyse des cinq opérations rhétoriques(inventio, dispositio, elocutio, memoria, actio) et des parties du discours (exorde, narration, confirmation, péroraison) , montrant que ces techniques antiques sont toujours d’actualité pour bien parler en public.

Cette séquence offre donc une immersion complète dans l’univers de la parole antique, de ses fondements linguistiques et philosophiques à ses applications pratiques et son rôle institutionnel, soulignant comment la maîtrise de l’éloquence était la clé de voûte de la vie du citoyen romain.

Voici le lien CANVA de la séquence ; https://www.canva.com/design/DAG5oEDgZwA/D18Wdt5cvh6sattZzZefbw/edit?utm_content=DAG5oEDgZwA&utm_campaign=designshare&utm_medium=link2&utm_source=sharebutton