Les antonomases littéraires : quand les personnages deviennent des symboles

Dans la littérature, certains personnages dépassent leur histoire pour devenir de véritables archétypes. Ils incarnent des traits humains universels, des valeurs ou des travers, si bien que leur nom est passé dans le langage courant. Ces figures servent de repères, d’outils d’analyse et parfois même de références dans notre vie quotidienne.

L’antonomase est une figure de rhétorique par laquelle un personnage est désigné par un nom commun ou une périphrase qui le caractérise (ex. la Dame de fer pour Mme Thatcher), ou par laquelle un nom propre devient un nom commun, par métaphore (un harpagon pour un avare) ou par métonymie (un colt, une poubelle).

Des personnages devenus emblématiques

  • Rastignac (Balzac, Le Père Goriot) : l’arriviste ambitieux, prêt à tout pour réussir.
  • Don Juan (Molière) : le séducteur libertin et infidèle.
  • Harpagon (Molière, L’Avare) : l’avarice personnifiée, obsédée par l’argent.
  • Candide (Voltaire) : l’optimiste naïf confronté à la cruauté du monde.
  • Don Quichotte (Cervantès) : l’idéaliste rêveur, décalé par rapport au réel.
  • Antigone (Sophocle/Anouilh) : la résistance et la fidélité aux valeurs supérieures.
  • Faust (Goethe) : la soif de savoir et de pouvoir, jusqu’à pactiser avec le diable.
  • Quasimodo (Hugo, Notre-Dame de Paris) : la laideur physique mais la grandeur morale.
  • Cosette ou Gavroche (Hugo, Les Misérables) : l’orpheline exploitée et le gamin frondeur, deux visages de l’innocence et du courage.
  • Ubu (Jarry, Ubu roi) : le pouvoir grotesque, tyrannique et absurde.
  • Narcisse (Ovide, Métamorphoses) : l’amour de soi et la vanité.
  • Pygmalion (Ovide) : le mentor qui façonne son protégé.

Des références toujours vivantes

Ces personnages ne restent pas enfermés dans leurs récits. Ils nourrissent notre vocabulaire quotidien : on parle d’un comportement narcissique, d’un projet ubuesque, d’un repas gargantuesque ou d’une aventure rocambolesque. Leur force réside dans leur capacité à exprimer en un mot une idée complexe, immédiatement comprise.

Pourquoi les utiliser en classe ?

Travailler les archétypes avec les élèves, c’est leur permettre :

  • de relier littérature et langage courant ;
  • d’identifier des figures universelles présentes dans d’autres œuvres (films, séries, BD) ;
  • de réfléchir à la permanence de certaines problématiques humaines (pouvoir, ambition, amour, rébellion, liberté).

En s’appuyant sur ces repères, les élèves comprennent que la littérature ne se limite pas à une époque : elle continue de dialoguer avec le présent, grâce à des personnages devenus intemporels.

Mémory des antonomases littéraires

Matériel

  • Les cartes imprimées recto-verso.
  • Chaque paire est composée :
    • d’un personnage littéraire (ex. : Rastignac, Don Juan, Candide…)
    • de son archétype (ex. : l’arriviste ambitieux, le séducteur libertin, l’optimiste naïf…).

Mise en place

  • Mélangez toutes les cartes et disposez-les face cachée sur la table.
  • Les élèves jouent seuls ou en équipes.

Déroulement

  1. À son tour, un joueur retourne deux cartes.
    • Si les cartes correspondent (personnage + archétype associé), il remporte la paire et rejoue.
    • Si elles ne correspondent pas, il les remet face cachée et c’est au joueur suivant.
  2. La partie continue jusqu’à ce que toutes les paires soient trouvées.

Variante 1 – Mémoire renforcée

  • Pour compliquer le jeu, on peut ajouter un troisième type de carte :
    • une citation qui illustre l’archétype (ex. : « à nous deux maintenant ! » pour Rastignac).
  • Les élèves doivent alors associer les trois cartes.

Variante 2 – Expression orale

  • Chaque fois qu’un élève trouve une paire, il doit expliquer l’archétype avec ses mots, ou donner un exemple moderne (cinéma, série, actualité).
  • Exemple : Don Juan → comme certains héros de séries qui multiplient les conquêtes.

Objectifs pédagogiques

  • Réactiver la mémoire des grands personnages littéraires.
  • Enrichir le vocabulaire (adjectifs dérivés : narcissique, ubuesque, gargantuesque…).
  • Développer l’oral et la capacité à établir des parallèles entre littérature et culture contemporaine.