
Les onomatopées, ces petites imitations sonores spontanées, sont bien plus qu’un jeu d’enfant. Elles ont souvent donné naissance à de véritables mots, intégrés au lexique français. Dans le domaine des cris d’animaux, des bruits naturels ou même de la vie quotidienne, nombre de vocables trouvent leur origine dans ces imitations sonores.
1. Cris et bruits d’animaux
- Miauler : du miaou du chat. De là viennent aussi ronronner (du ron-ron) et même laper (lap-lap).
- Aboyer : du ouah ou wouf du chien, racine imitée en latin (latrare).
- Piailler / Pépier / Piauler : formés sur pi-pi, cri des petits oiseaux. Déjà présents dans le latin familier (pipiare).
- Meugler : du latin mugire, qui imite le mugissement de la vache.
- Bêler : de l’onomatopée bêê de la chèvre ou du mouton.
- Hennir : du hi-hi du cheval, transmis par le latin hinnire.
- Hululer / Hurler : du latin ululare, qui imitait le cri de la chouette et du loup.
2. Bruits naturels et techniques
- Clapotis : clap-clap de l’eau contre les pierres.
- Cliquetis : clic-clic des objets métalliques qui s’entrechoquent.
- Craquer : du crac, bruit de rupture du bois ou de la glace.
- Grincement : du grin-grin, bruit désagréable d’une porte ou de dents.
- Tintement / Tintamarre : du latin tintinnare = tin-tin, son clair de clochettes.
- Vrombissement : du vroum, bruit du moteur.
3. Corps et sensations
- Hoquet : issu d’un hoc (bruit sec), avec aspiration. Proche de l’anglais hiccup.
- Rot / Roter : bruit guttural imité directement.
- Tousser : du tuss-tuss, bruit d’expiration.
- Chuchoter / Susurrer : du latin sussurare, qui imite le souffle discret.
- Gargouiller : apparenté au latin gurges (« tourbillon »), imitant le bruit de la gorge et des intestins.
4. Héritage latin et savant
Beaucoup de nos mots hérités du latin viennent déjà d’onomatopées :
- Mugire → meugler
- Ululare → hurler / hululer
- Tintinnare → tinter
- Gurgitare → gorge, gargouiller
- Balbutiare → balbutier (de bal-bal, bredouillement).
5. Mots devenus symboles
Certains vocables ne renvoient plus à un bruit concret, mais gardent une trace sonore :
- Babiller : de bab, imitation du balbutiement d’enfant.
- Bégayer : du bé-bé, répétition hésitante.
- Barbare : à l’origine, les Grecs imitaient par bar-bar le langage étranger, jugé incompréhensible.
Les onomatopées sont donc bien plus qu’un amusement : elles sont à la source d’un pan entier de notre vocabulaire, du plus familier au plus savant. Leur force réside dans leur universalité : l’être humain, partout et de tout temps, a cherché à imiter le monde sonore pour le nommer. La langue française en garde des traces vivantes, du miaulement du chat au vrombissement du moteur, en passant par le susurrus latin.