
L’éloquence en classe : des exercices ludiques pour libérer la parole des élèves
En tant qu’enseignants, nous savons que la prise de parole en public est souvent une source d’angoisse pour nos élèves. Que ce soit pour un exposé, le Grand Oral ou simplement une intervention en classe, la peur de mal faire paralyse souvent les capacités oratoires.
J’ai donc créé ce dossier intitulé « Travailler l’éloquence » qui propose une approche très intéressante : apprendre à devenir éloquent en jouant. Voici une sélection d’ateliers pratiques et ludiques pour aider vos élèves à trouver leur voix et leur posture.
1. L’instrument de travail : maîtriser sa voix
Avant même de parler du fond, il faut travailler la forme. Le document propose plusieurs exercices pour faire comprendre aux élèves que leur voix est un outil modulable.
- Le test du « Bonjour » : tout commence par le premier mot. Un « Bonjour » avec une intonation montante peut trahir un manque d’assurance (comme une excuse), tandis qu’une intonation descendante marque l’affirmation.
- Le placement de la voix (l’hôtesse de l’air) : pour faire sentir la différence entre une voix de gorge, de nez ou projetée, faites lire à vos élèves une annonce de décollage d’avion. C’est un excellent moyen de dédramatiser l’exercice par le jeu de rôle.
- La projection (La méthode Haddock) : pour apprendre à projeter sans crier, rien de tel que les insultes du Capitaine Haddock ! Faire scander « Bachi-bouzouk ! » ou « Ectoplasme à roulettes ! » permet de travailler les graves et la puissance tout en restant intelligible.
- L’articulation : le classique crayon entre les dents fonctionne toujours. Vous pouvez utiliser des phrases complexes comme « Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien » pour travailler la diction.
2. Incarner son discours : la posture et le corps
L’éloquence ne se limite pas aux cordes vocales ; c’est un engagement physique.
- La respiration abdominale : avant une épreuve, apprenez-leur à poser une main sur le ventre, inspirer par le nez en gonflant le « ballon » et souffler doucement. Cela oxygène le cerveau et évite les trous de mémoire.
- Le regard : beaucoup d’élèves fuient le regard du jury. Le document suggère de s’entraîner à balayer la salle ou, pour les plus anxieux, de regarder le front des auditeurs ou le mur du fond.
- L’exercice des « Trois Postures » : c’est mon exercice favori pour travailler l’attitude corporelle. Demandez aux élèves de déclamer un texte selon trois modes:
- Le Craintif : Recroquevillé, regard fuyant, hésitant.
- Le Tyran : Torse bombé, méprisant, sans sourire.
- Le Crédible : Stable, ancré au sol, regard qui s’adresse au public. Le contraste aide l’élève à « sentir » physiquement ce qu’est une posture d’autorité bienveillante.
3. Structurer sa pensée et gérer le temps
Une fois la confiance physique acquise, il faut structurer le propos.
- L’entrée et la sortie : le conseil en or est d’apprendre l’introduction et la conclusion par cœur. Cela garantit un démarrage en confiance et une fin soignée, sans « euh… voilà ».
- Bannir les tics de langage : l’enregistrement audio est impitoyable mais nécessaire pour traquer les « du coup », « en fait » et autres parasites.
- Gérer les questions : apprenez-leur à ne pas se précipiter. Prendre un temps de réflexion avant de répondre montre de la maîtrise, et il faut penser à répondre à tout l’auditoire, pas seulement à celui qui a posé la question.
Travailler l’oral ne doit pas être une souffrance scolaire. En passant par le jeu, l’exagération (les insultes de Haddock, les variations de style à la Queneau ) et la mise en situation, on permet aux élèves de se détacher du regard des autres et de progresser.
N’hésitez pas à tester ces petits ateliers en début d’heure !

