Échecs au pays des merveilles : mes choix de personnages

Créer un jeu d’échecs inspiré d’Alice au pays des merveilles était pour moi une manière ludique et poétique de réinterpréter les rôles traditionnels du jeu à travers les figures emblématiques du conte de Lewis Carroll. Chaque pièce trouve sa place non seulement par affinité de caractère, mais aussi par sa fonction stratégique sur l’échiquier. Voici les raisons de mes choix.

 Le Chat du Cheshire en fou

Le fou, pièce imprévisible qui se déplace en diagonale, m’a immédiatement évoqué le Chat du Cheshire. Toujours là où on ne l’attend pas, apparaissant et disparaissant au gré de sa fantaisie, ce chat insaisissable est l’incarnation parfaite du mouvement fluide et déconcertant du fou. Comme le Chat, cette pièce échappe à toute logique linéaire.

 Le Lapin Blanc en cavalier

Le cavalier est une pièce à part dans les échecs : il est le seul à sauter par-dessus les autres. Cette capacité étrange et précipitée colle parfaitement avec la nature du Lapin Blanc, toujours pressé, bondissant d’un lieu à l’autre, semant la confusion autour de lui. Le cavalier n’avance jamais en ligne droite, tout comme le Lapin ne suit jamais un chemin tranquille.

 Alice en tour

La tour est droite, forte, stable — elle trace un chemin franc, tout en puissance. C’est le rôle que j’ai choisi pour Alice. Bien qu’étrangère au monde dans lequel elle évolue, Alice y reste curieusement déterminée et droite dans ses bottes. Elle avance, découvre, remet en question sans jamais se laisser détourner. Elle incarne cette force tranquille et cette rectitude propres à la tour.

 La Reine de Cœur en reine

Ce choix allait de soi. Dans l’univers d’Alice, la Reine de Cœur est l’autorité absolue, le pouvoir qui domine tout, souvent de manière injuste ou arbitraire — « Qu’on lui coupe la tête ! ». Dans les échecs, la reine est la pièce la plus puissante : capable d’écraser, d’encercler, de tout renverser. L’association s’imposait par la force de leur rôle respectif.

 Le Chapelier Fou en roi

Enfin, j’ai choisi de faire du Chapelier le roi, cette pièce à la fois centrale et vulnérable. Ce choix peut paraître surprenant, mais le roi dans les échecs n’est pas le plus fort, c’est celui qu’il faut protéger à tout prix. Il règne sans forcément dominer. Le Chapelier, figure centrale des folles conversations et des non-sens du pays des merveilles, est à sa façon le cœur du chaos, celui autour duquel tout tourne… ou déraille. Le placer en roi, c’est reconnaître son rôle d’équilibre instable au centre de cet univers absurde.