Parlez-vous l’insulte du XVIIème ?

38 insultes désuètes pour critiquer avec panache

À l’heure où les échanges verbaux manquent parfois de finesse, pourquoi ne pas redonner ses lettres de noblesse à l’art de l’invective ? Exit les « idiot » ou « crétin » mille fois ressassés. Plongeons dans le XVIIe siècle (et ses alentours) pour y puiser des insultes aussi savoureuses que tombées en désuétude. Car quoi de plus raffiné que de traiter son voisin de nodocéphale ou de sacripant ?

L’insulte : un art oratoire à réhabiliter

Dans les dialogues de Molière comme dans les pamphlets des humanistes, les injures faisaient florès. Mais attention : il ne s’agissait pas de vulgarité gratuite. Le mot blessait par son élégance, son ironie, sa rareté. C’était une joute verbale, presque un duel d’esprit. Aujourd’hui, ces termes anciens font sourire, et c’est tant mieux : leur absurdité même en fait des perles comiques à (re)découvrir.

S’il fallait un parrain à cette galerie d’injures d’antan, ce serait Cyrano de Bergerac, le mousquetaire des mots. Dans sa célèbre tirade du nez, il prouve que l’on peut se moquer avec intelligence, culture, et même poésie. Plutôt que de dire simplement « gros nez », il déroule une avalanche d’images, de comparaisons et d’esprits brillants.

Alors, plutôt que de traiter quelqu’un de stupide, pourquoi ne pas lui lancer avec panache :

« Votre esprit est un désert où le silence s’ennuie. »
Ou encore :
« Vous êtes d’une finesse qu’on pourrait mesurer au compas de charpentier. »

L’important, ce n’est pas l’insulte… c’est l’élégance avec laquelle on l’enrobe. Cyrano l’avait compris.

Cyrano de Bergerac, personnage mythique d’Edmond Rostand, est sans doute le plus grand maître de l’insulte élégante du théâtre français. Il ne se contente pas d’insulter : il le fait avec verve, panache et poésie. Il transforme l’injure en art oratoire, comme dans la fameuse tirade du nez (Acte I, scène 4), où il ridiculise un prétentieux en improvisant 20 façons d’insulter son propre nez, toutes plus brillantes les unes que les autres.

Un trésor pour les enseignants, écrivains, créateurs de jeux…

Utiliser ces mots, c’est enrichir sa langue tout en s’amusant. Ils peuvent servir :

en atelier d’écriture comique ;

dans une pièce de théâtre ou une saynète Renaissance ;

comme base d’un jeu de cartes (type « Qui suis-je ? » ou memory) ;

ou pour pimenter une leçon de vocabulaire en classe.

Et si on insultait avec élégance ?

Non, il ne s’agit pas de devenir méchant gratuitement. Mais plutôt de manier l’humour avec panache, comme un mousquetaire de la langue française. Ces insultes anciennes, savoureuses et tombées dans l’oubli, sont des joyaux à faire briller à nouveau. Car parfois, rien ne vaut un bon vieux Belître lancé avec le sourire… (qui rime avec le « titre » de À la fin de l’envoi, je touche ! » de Cyrano !)