
La taxe rose : une inégalité invisible à décoder avec les élèves
Comprendre le phénomène
La taxe rose – ou pink tax – désigne la différence de prix entre des produits ou services similaires, selon qu’ils soient destinés aux femmes ou aux hommes. Contrairement à son nom, il ne s’agit pas d’une véritable taxe, mais d’une pratique commerciale observée dans de nombreux secteurs : hygiène, jouets, vêtements, coiffure, pressing, etc.
En 2015, une étude de la DGCCRF en France a mis en évidence que, dans certains rayons, les femmes paient plus cher que les hommes pour des produits identiques ou très proches. Des enquêtes internationales (notamment aux États-Unis et au Canada) confirment cette tendance.
Les écarts s’expliquent par :
– le marketing genré, qui attribue aux produits des codes de couleur ou des visuels ciblés ;
– le packaging, souvent plus travaillé pour les articles féminins ;
– la segmentation des marchés, qui repose sur l’idée que les femmes sont prêtes à payer davantage pour certains produits.
Pourquoi en parler en classe ?
La taxe rose touche directement au quotidien des élèves : rasoirs, vêtements, stylos, jouets. Leur faire prendre conscience de ce phénomène, c’est :
– développer leur esprit critique face à la consommation,
– ouvrir une réflexion sur les stéréotypes de genre,
– relier la question à l’éducation à la citoyenneté (égalité femmes-hommes),
– travailler des compétences en mathématiques (proportions, prix au litre, comparaison de données), en français (argumentation, débat), et en EMC (justice, égalité).
Idées d’activités pédagogiques
Enquête au supermarché (cycle 3 – cycle 4)
Demander aux élèves de photographier ou relever des prix dans les rayons (rasoirs, déodorants, dentifrices, jouets). Comparer les tarifs au litre, au kilo ou à l’unité, puis mettre en commun les résultats.
Objectif : apprendre à lire une étiquette, développer un regard critique.
Atelier “Data” (cycle 4 – lycée)
À partir d’articles de presse ou de documents fournis, les élèves réalisent des graphiques comparatifs. Ils construisent ensuite une affiche ou un diaporama expliquant la taxe rose.
Objectif : croiser mathématiques et éducation aux médias.
Débat réglé (cycle 4 – lycée)
Proposer la question : La taxe rose est-elle une forme de discrimination ? Les élèves préparent des arguments pour et contre à partir de données factuelles, puis organisent un débat structuré.
Objectif : travailler l’argumentation orale et l’écoute.
Atelier d’écriture (cycle 4 – lycée)
Les élèves rédigent une lettre ouverte ou une tribune destinée à une marque ou à un magazine de consommation.
Objectif : apprendre à défendre un point de vue argumenté, format citoyen.
Jeu de rôle – “Service marketing” (cycle 4)
Diviser la classe en deux groupes : l’un est le service marketing d’une marque qui genrera un produit, l’autre est une association de consommateurs qui doit dénoncer la pratique. Chaque groupe prépare une présentation.
Objectif : comprendre les logiques commerciales et leurs critiques.
En travaillant sur la taxe rose, on sensibilise les élèves à un enjeu social et économique concret qui touche directement leur quotidien. C’est aussi l’occasion de croiser plusieurs disciplines : français, mathématiques, EMC, économie-gestion.
Éveiller leur esprit critique face au marketing, c’est leur donner des outils pour devenir des consommateurs et des citoyens plus conscients et plus libres.
Pour aller plus loin
– Wikipedia – Taxe rose : https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_rose
– Étude DGCCRF 2015 sur les écarts de prix : https://www.economie.gouv.fr/dgccrf
– La Gazette des femmes – Article pédagogique : https://gazettedesfemmes.ca/12505/la-taxe-rose/