
Contrairement à la dictée classique où l’élève est un simple « scribe » cherchant à ne pas commettre de fautes, la dictée fautive lui est donnée avec un nombre déterminé d’erreurs à trouver (par exemple, 12, 15 ou 11 erreurs, comme indiqué dans vos exemples). L’objectif n’est plus la performance brute, mais la mobilisation active de la conscience orthographique.
Cet exercice pédagogique est particulièrement efficace car il :
- Rend l’élève actif : il passe d’une posture passive à celle d’acteur de son apprentissage, l’obligeant à mobiliser ses règles pour justifier ses corrections.
- Développe la compétence de relecture : savoir écrire sans faute est une chose, mais savoir se relire et se corriger en est une autre, fondamentale. La dictée fautive est un entraînement direct à cette compétence cruciale.
- Dédramatise l’erreur : la faute n’est plus une source de sanction, mais l’objet même de l’exercice, une énigme à résoudre.
Les dictées fautives de Christelle Lloret
Les dictées sont issues de textes étudiés en classe, et correspondant aux programmes de Collège. Elles concernent les accords et les conjugaisons et nécessitent un raisonnement grammatical complet.
Les erreurs à repérer sont de deux types ;
1. Les erreurs d’orthographe grammaticale
| Type d’erreur | Exemple fautif | Correction | Règle |
| Conjugaison | « se présentent« | « se présente« | Accord du verbe avec le sujet singulier (« Simon ») au présent. |
| Accord du Participe Passé | « furent séparé« | « furent séparés« | Accord avec le sujet (« les deux combattants ») avec l’auxiliaire être. |
| Accord dans le GN | « une grenoulle bleue« | « une grenouille bleue« | Double erreur : accord de l’adjectif (« bleue ») avec le nom féminin (« grenouille ») et orthographe lexicale. |
| Homophonie hrammaticale | « c’était vrai qu’il n’avait pas de papa. » | « c’était vrai qu’il n’avait pas de papa. » | Confusion entre le pronom personnel (il) et la préposition (« à » ou autre), ou vice-versa (l’exemple fourni n’est pas fautif sur ce point, mais la correction des autres dictées indique de nombreuses erreurs de ce type, comme « se » pour « ce » ou « a » pour « à »). |
| Accord de l’adjectif/Nom | « les cernes creusé« | « les cernes creusés« | Accord de l’adjectif avec le nom pluriel (« les cernes »). |
2. Les erreurs d’orthographe lexicale (d’usage)
Elles concernent l’écriture correcte des mots et la ponctuation.
| Type d’erreur | Exemple fautif | Correction | Règle |
| Doubles consonnes | « une sufocation » | « une suffocation » | Orthographe du mot (double ‘f’). |
| Lettre muette | « cheuveux« | « cheveux« | Orthographe du mot (absence de ‘u’). |
| Erreur d’accentuation | « a l’école » | « à l’école » | Préposition « à » avec accent grave (impossibilité de remplacer par « avait »). |
| Séparation de mots | « tout confu » | « tout confus » | Orthographe du mot (« confus ») et de l’adverbe (« tout »). |
La méthode recto-verso avec correction
La méthode choisie par Christelle est très performante ; il s’agit de de présenter la dictée fautive (recto) face à sa correction (verso).
- Phase d’analyse (recto) : l’élève lit attentivement la dictée fautive (par exemple, la page 1 : « Le petit Simon, fils d’une femme célibataire surnommé ‘la Blanchotte’, se présentent… ») et tente de repérer les erreurs, en s’aidant de l’indication du nombre de fautes à trouver (ici, « 12 erreurs »).
- Phase de correction et de justification : l’élève corrige le texte, idéalement en justifiant mentalement ou par écrit la règle appliquée (ex : « se présentent » → « se présente » parce que le sujet est Simon, 3e personne du singulier, donc terminaison en e).
- Phase de vérification (verso) : l’élève compare son travail avec le texte corrigé (ex : « Le petit Simon… se présente pour la première fois à l’école. »), ce qui lui offre un retour immédiat sur son raisonnement.
Cette pratique régulière encourage le développement de ce que l’on appelle le doute orthographique, c’est-à-dire la capacité de l’élève à se questionner et à vérifier ses choix graphiques avant de valider un mot ou un accord.
