Le jeu de dominos des classes grammaticales : un outil ludique pour les cycles 3 et 4

La grammaire est souvent perçue comme une matière austère par les élèves. Pourtant, il est essentiel de maîtriser ses concepts pour structurer sa pensée et bien s’exprimer à l’écrit comme à l’oral. Pour rendre cet apprentissage plus concret et amusant, je vous propose aujourd’hui de découvrir ou redécouvrir une activité simple et efficace : le jeu de dominos des classes grammaticales.

Principe du jeu

L’activité s’inspire du jeu de dominos traditionnel. Au lieu de chiffres, les pièces présentent des mots et des classes grammaticales. L’objectif pour l’élève est d’associer un mot à sa nature (nom, verbe, adjectif, etc.). Par exemple, à côté du mot « mangeais », il faudra placer l’étiquette « verbe ».

Le document fourni en exemple nous donne un aperçu des paires possibles :

  • Noms : chose (nom commun), Victor Hugo (nom propre).
  • Verbes : mangeais (verbe manger à l’imparfait), vois (verbe voir au présent), a (verbe avoir au présent).
  • Adjectifs : malheureuse.
  • Adverbes : bienicibrillamment.
  • Déterminants : cette (démonstratif), chaque (indéfini), le (article défini).
  • Pronoms : on (indéfini), qui (relatif ou interrogatif), le (personnel).
  • Prépositions : dedansà.
  • Conjonctions : caror (conjonctions de coordination).
  • Interjections : ohzut.

Ce qui rend cette activité particulièrement riche, c’est l’introduction de mots polysémiques, c’est-à-dire des mots qui peuvent appartenir à plusieurs classes grammaticales selon le contexte. Par exemple :

  • « court » peut être un nom (un court de tennis), un verbe (il court vite) ou un adjectif (le chemin est court).
  • « le » peut être un déterminant (le chat dort) ou un pronom (je le vois).
  • « vers » peut être un nom (il a écrit un vers) ou une préposition (il marche vers la ville).
  • « bien » peut être un nom (il a de nombreux biens) ou un adverbe.
  • « or » peut être un nom (il a trouvé de l’or) ou une conjonction (il voulait sortir, or il pleuvait).
  • « car » peut être un nom (bus) ou une conjonction.

Cette complexité permet d’engager une réflexion plus approfondie et de souligner l’importance du contexte pour l’analyse grammaticale.

Un outil en adéquation avec les programmes du cycle 3 (CM1, CM2, 6e)

Le cycle 3 marque une étape de consolidation des savoirs fondamentaux en grammaire. Les programmes insistent sur l’observation, la manipulation et le classement pour que les élèves comprennent le fonctionnement de la langue.

Le jeu de dominos s’inscrit parfaitement dans cette démarche :

  • Identifier les classes de mots : L’activité amène les élèves à reconnaître la nature des mots, une compétence centrale du programme. Ils apprennent à distinguer les mots variables des mots invariables.
  • Manipuler pour comprendre : En associant physiquement le mot et son étiquette, l’élève accomplit un geste qui ancre la connaissance. C’est une approche kinesthésique qui complète utilement des exercices plus traditionnels.
  • Mémoriser le lexique grammatical : La répétition ludique des termes (nom, verbe, adjectif, etc.) facilite leur mémorisation.

Cette activité permet de travailler de manière explicite sur l’identification des classes de mots, qui est la base de l’étude de la syntaxe abordée plus en profondeur au cycle 4.

Un support pertinent pour le cycle 4 (5e, 4e, 3e)

Au cycle 4, les élèves sont invités à complexifier leur analyse de la langue. Ils doivent non seulement identifier la nature des mots, mais aussi comprendre leur fonction au sein de la phrase.

Le jeu de dominos peut être adapté pour répondre à ces exigences :

  • Approfondir la polysémie : La présence de mots comme « court », « vers », ou « le » est une excellente introduction à une discussion sur l’importance du contexte. On peut demander aux élèves de créer des phrases pour chaque nature possible du mot, ce qui les oblige à réfléchir également à la fonction. Par exemple, dans « le chat dort », « le » est un déterminant ; dans « je le vois », « le » est un pronom personnel complément d’objet direct.
  • Vers l’analyse de fonctions : Le jeu peut servir de point de départ pour aborder les fonctions. Une fois la nature d’un mot identifiée, l’enseignant peut demander « quelle est sa fonction dans cette phrase ? ». Par exemple, « Victor Hugo » est un nom propre ; dans la phrase « Victor Hugo a écrit Les Misérables », il est sujet du verbe « a écrit ».
  • Activité de révision rapide : En début d’heure ou en atelier, le jeu de dominos permet de réactiver rapidement les connaissances sur les classes grammaticales avant de s’attaquer à des analyses plus complexes (analyse de propositions subordonnées, etc.).

Cette activité dominos des classes grammaticales est bien plus qu’un simple jeu. C’est un outil pédagogique polyvalent, facile à mettre en place, qui favorise la manipulation et la réflexion. En s’adaptant aux différents niveaux, il accompagne efficacement les élèves du cycle 3 au cycle 4 dans leur maîtrise de la grammaire française.