
Traduire avec l’IA : quand Cicéron devient un terrain d’exploration linguistique
Et si l’intelligence artificielle devenait un outil pour réfléchir à la richesse de la langue ?
C’est le pari d’une activité menée autour de De Amicitia de Cicéron : faire traduire un texte latin à la fois par les élèves… et par une IA.
Objectif : penser la traduction comme un choix
Souvent perçue comme un exercice scolaire figé, la traduction est ici abordée comme une activité de réflexion, d’interprétation et de style. Car traduire, ce n’est pas seulement “trouver les bons mots” : c’est trancher, équilibrer, faire parler une voix ancienne dans une langue actuelle.
Une démarche en cinq étapes
L’activité suit un déroulé clair et progressif :
- Lecture du texte original (De Amicitia) avec un glossaire fourni.
- Traduction humaine en binôme, appuyée sur la réflexion grammaticale.
- Traduction assistée par IA (ChatGPT ou autre outil de traduction).
- Comparaison collective des trois versions (original, humaine, IA) : lexique, syntaxe, temps, ton, intention.
- Rédaction d’une “note du traducteur”, où chaque élève justifie un choix personnel ou critique une tournure de l’IA.
Ce que l’on observe
Les élèves sont souvent surpris : la version IA n’est ni parfaite ni absurde. Elle est utile, mais manque parfois de finesse. Elle efface une métaphore, simplifie une tournure rhétorique, ou traduit “justitia” par “justice” sans capter la profondeur philosophique du mot.
Les élèves apprennent ainsi que le travail de traduction est un dialogue entre précision et interprétation.
Et après ?
L’activité peut être prolongée de plusieurs façons :
- Comparaison de traductions d’époques différentes (traduction de 1890, 1950, IA moderne).
- Podcast ou enregistrement de lecture en latin et français.
- Mini-débat : « Peut-on faire confiance à une IA pour traduire Cicéron ? »
- Escape game Cicéron, autour du Tullianum, en réinvestissant vocabulaire et style.
Ce que cela apporte au cours
L’IA devient ici un révélateur de choix linguistiques. En montrant ses limites comme ses atouts, elle pousse les élèves à affûter leur sens critique. Le latin, loin d’être figé, devient une langue vivante dans un monde de données.
Cette activité ouvre une belle porte entre l’Antiquité et la modernité, entre l’humain et l’intelligence artificielle.