Un vieux projet que j’ai adoré réaliser avec mes élèves du collège Maurice Bécane de Toulouse. Ce journal était diffusé gratuitement aux visiteurs du Musée Saint Raymond de Toulouse. Ce fut l’occasion pour moi de participer à des colloques sur l’Antiquité vivante ;

Antiquité romaine et imaginaire – de l’interprétation scientifique à Gladiator

J’y ai croisé Brice Lopez, Michel Eloy, Luc Long, Jean-Claude Golvin, …avec grand plaisir.

Revitaliser le Latin : Le Défi Réussi du Collège Maurice Bécanne

« Le Latin, Langue morte? ». C’est contre cette idée reçue qu’un projet pédagogique ambitieux a été mené pendant plusieurs années au collège Maurice Bécanne de Toulouse. Confrontée à la nécessité de « sauver » l’option latin/grec , l’enseignante Claire Cavailhs a relevé le défi quotidien d’enseigner cette langue ancienne de façon « très… moderne ».

Le contexte était pourtant complexe : un établissement qualifié de « difficile », ancienne annexe de ZEP, accueillant des élèves de multiples nationalités et dont beaucoup connaissaient des parcours personnels douloureux.

Le « Journal de l’Olympe » : L’Antiquité en Une

La pierre angulaire du projet fut la création du « Journal de L’Olympe » (JDO). L’idée de départ était de créer un journal parlant de l’Antiquité, mais en la traitant « comme si les événements dataient d’hier ». L’objectif était clair : « instruire en faisant rire ».

Les articles, créés par les élèves , se devaient d’être « sévèrement exacts sur la civilisation, mais extrêmement ludiques et pédagogiques ». Le journal couvrait diverses rubriques : actualité (nouvelles du front), société (mode, vie des esclaves), mythologie, sport (jeux olympiques, gladiateurs) et même des jeux.

L’investissement des élèves fut tel que l’enseignante dut davantage « rfrner leur enthousiasme que les inciter à produire ». Vitrine du travail des collégiens , le JDO était distribué au Musée Saint-Raymond, le musée des antiques de Toulouse.

Une Approche Pédagogique Multiple

Pour maintenir l’intérêt des élèves, le projet ne se limitait pas au journal.

  • Le Latin comme langue vivante : Grâce à des ouvrages comme Le latin pour débutants d’Angela Wilkes et des logiciels ludiques (Le Latin de Génération 5, Talk Now Latin d’Eurotalk), les élèves étaient amenés à converser. Ils apprenaient ainsi à dire « salve domina » en arrivant et « vale domina » en partant.
  • La culture par le jeu et la création : Les élèves étaient mis au défi. Ils créaient des jeux pour le JDO (mots fléchés, mots cachés, charades) , réalisaient des expositions sur les mythes (Hercule, Thésée) et montaient des spectacles de théâtre en fin d’année à partir de textes comme Théâtre pour rire au collège.
  • Connexion au monde moderne : L’enseignante utilisait des revues en latin comme Adulescens et Juvenis, qui proposaient des articles sur des sujets appréciés des adolescents (chanteurs, films, BD).
  • Coopération interdisciplinaire : Le projet impliquait d’autres collègues. Les professeurs de technologie ont aidé les élèves à créer des tablettes d’argile et des stylets et leur ont fait passer le B2I (Brevet Informatique et Internet) en utilisant les pages du JDO mises en ligne.

Des Résultats « Très Concluants »

Les effets de cette pédagogie active ont dépassé les espérances. Les élèves n’abandonnaient plus l’option latin. Le succès a permis de créer l’option Grec, puis d’ouvrir une classe Latin/Grec complète dans ce collège réputé difficile.

La moitié des élèves de l’établissement se sont mis à faire du latin, le « revendiquant avec fierté ». L’option était devenue si valorisée que la menacer de la retirer était utilisée comme levier en cas de mauvaise conduite. Finalement, les élèves étaient nombreux à poursuivre ces options au lycée. Si l’enseignante admettait que des points de grammaire pointus, comme le subjonctif imparfait, n’étaient peut-être pas parfaitement maîtrisés, l’essentiel était ailleurs : les élèves s’appropriaient les textes par le jeu et, pour le plaisir, s’entraînaient à décliner « rosa » dans la cour de récréation.